Il s'agit d'un de la même histoire racontée par quatre protagonistes différents. La première contrainte concernait les protagonistes eux-mêmes. Ils devaient être le personnage principal de l'histoire, un objet se trouvant sur les lieux, un témoin et un journaliste relatant les faits. La seconde contrainte était l'histoire elle même. Ce devait être un fait divers. J'ai choisi celui-ci. Et voici mon texte, bonne lecture !
De l’action !
J’arrive sur les lieux des faits.
Meubles et affaires sont répartis sur le sol. Un peu plus loin, deux fillettes
âgées de cinq ans tout au plus parlent avec un psychologue. Elles ont des
contusions visibles. De l’autre côté de la pièce, la mère, parlant avec les
autorités. Mais que s’est-il passé dans cette maison ? Un cambriolage qui
a mal tourné ? Une scène de ménage ? Un père violent ? Rien de
tout cela. Cet après midi, une amie a de la famille a signalé à la police que
la Madame Wayters encourageait sa fille à frapper son amie. En effet, les
petites s’étant disputées, elles ont commencé à se battre. La mère, plutôt que
de calmer l’affaire s’est empressée de donner des conseils à sa fille.
« Elle lui disait "Frappe là", "de
l'action !" "Vas-y cogne la" » nous confie l’amie, qui a
préféré garder l’anonymat.
Quel recours nous reste-t-il si à présent les parents
éduquent leurs enfants à la violence ? Espérons que le tribunal tranchera
pour une sanction qui donnera l’exemple aux parents voulant imiter cet acte d’une
violence rare.
Cette après
midi, Capucine vient prendre le goûter à la maison. J’aime bien Capucine, c’est
mon amie. Mais parfois, on ne s’entend pas parce que le papa de Capucine dit de
drôles de choses, et elle les répète. Aujourd’hui, alors qu’on mange nos
biscuits, Capucine me dit :
- Ca, c’est un gâteau de négro.
Moi, je ne sais pas ce que veut dire négro, mais maman se
met en colère :
- Tu ne vas pas la laisser t’insulter comme ça ? Frappe
là.
Quoi ? Capucine m’a insultée ? Maman a l’air bien
fâchée et je commence à l’être également. Je n’aime pas qu’on m’insulte. Alors
je me lève et met une baffe à Capucine. Elle riposte. Nous commençons à nous
bagarrer. Je n’ai pas envie de me battre avec Capucine, mais maman m’encourage.
- De l’action ! De l’action ! Vas-y cogne la !
Battez-vous !
Alors, je tape. Et Capucine tape. On se tire les cheveux, on
se mord, on se roule par terre. Et finalement, la porte s’ouvre à la volée et
des gens rentrent. Ils nous réparent. Ce sont des policiers. Un homme vient
nous parler. Maman est emmenée plus loin de moi. Mais que ce passe-t-il ?
Pourquoi ?
Moi, je ne voulais pas me battre avec Capucine.
J’habite dans
ces vieux immeubles où les murs sont comme du carton. Si le voisin de cinquième
gueule sur sa femme, vous pouvez être sûr de le savoir ! Cette après midi
là, je rentrais plus tôt parce que mon gamin avait de la fièvre. Alors que je
montais les escaliers pour me rendre dans mon appartement, j’entends la voix de
Lucile qui crie. Ce n’est pas une mauvaise bougresse. Mais elle a souffert du
racisme étant enfant. Puis elle a rencontré son mari qui l’a battue, pour
finalement la violer. C’est moi qui l’ai découvert et qui l’ai aidé à s’en
sortir. Mais depuis, elle est plus à cran qu’avant. Elle voit le mal partout.
Elle n’est jamais de bonne humeur.
Je ne voulais pas interférer dans ses histoires, mais dans
ces immeubles, impossible de ne pas écouter ce qu’il se dit. J’ai entendu « Frappe
la ! » Je me suis demandée ce qu’il se passait. Alors j’ai tendu l’oreille.
Elle répétait « de l’action ! Vas-y cogne la ! » Et j’entendais
un vacarme sans nom. M’inquiétant, j’ai dégainé mon portable, et tout en
restant devant la porte, ait appelé la police. Lorsqu’ils sont arrivés, ils m’ont
dit que j’avais bien fait de les appeler. Mais je leur ai demandé de garder mon
identité secrète. Je ne voulais tout de même pas que Lucile se ferme à moi. Je
n’avais pas fait cela par méchanceté. Mais je m’inquiétais vraiment pour ces
gamines. Peut être Lucile devrait-elle faire un tour en hôpital psychiatrique
quelques jours…
Je suis né de
farine, d’œufs, de lait, de beurre, de pépites de chocolat, de sucre. Ma
gestation s’est faite dans un endroit chaud. Le jour de ma naissance, j’ai été
offert à des petites filles. Elles dévorent mes frères et sœurs. Bientôt ce
sera mon tour. J’ai été fait pour cela. L’une d’elle parle la bouffe pleine de
mes congénères :
- Ca, c’est un gâteau très gros.
Je prends cela pour un compliment. Gros gâteau veut dire
bons gâteaux, non ? Mais ni l’autre petite, ni la dame ne semblent apprécier.
Devrais-je m’offusquer également ? La mère s’emporte. La petite frappe son
amie. Tout cela pour un gâteau ? Et moi qui voulais tant être mangé. Elles avaient l’air d’aimer
mes frères et sœurs… L’une des petites renverses l’assiette sur laquelle je
suis posé. Je vole. C’est à la fois grisant et terrifiant. Je sais que lorsque
je m’écraserais, plus personne ne me mangera. Je serai voué à une vie d’invalide
dans des lieux répugnants jusqu’à ce qu’un quelconque animal ne m’engloutisse.
Ce n’est pas comme un enfant. Elle enfant, c’est joyeux, ça vous aime, vous
complimente et prend tant de plaisir à vos manger. Un animal, ça vous avale. C’est
tout.
Je m’écrase et me réparti sur le sol. Mon agonie sera
longue.
Tout cela pour un quiproquo…
Alors ? Qu'en pensez-vous ? A votre tour, écrivez une histoire à quatre voix sur ce même sujet ou un autre ;)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire