dimanche 24 juin 2012

You were always on my mind



Citation:
Vous vous connaissiez depuis que vous portiez des couches-culottes. Vous avez grandi ensemble, années après années. Vous ne vous etes jamais séparés, ni en maternelle, ni en primaire, ni meme au collège. Vous vous etes toujours bien entendues. Mais voilà, vous etes en train de murir, vous etes devenues des femmes, et vous passez de moins en moins de temps ensemble. Tu ne te rend pas compte de ce fossé qui se crée, croyant que votre amitiéest toujours aussi solide. Mais un beau jour, tu la vois rire aux éclats avec la peste de ta classe, celle que tu ne supporte pas. Que vas-tu faire ? Aller lui parler, discuter avec elle ? Ou t'énerver et la bouder. Tenteras-tu de sauver votre amité ou te rendras-tu compte qu'il n'y a plus rien à faire ?

Elle est là, riant aux éclats à l'autre bout de la cantine. Les boucles de ses cheveux dansant à la mesure de son rire. Elle illumine la pièce. Tel un astre, elle rayonne littéralement. Le temps a passé, et elle s'est embellie. Je n'oublierais jamais le jour où je l'ai vue pour la première fois. J'étais assise dans mon coin, jouant avec un libre musical. Elle s'est assise à côté de moi, a regardé par-dessus mon épaule, a jeté monlivre par terre, m'a prit la main et m'a emmené jouer. Cette volonté m'a toujours pluchez elle. Elle sait ce qu'elle veut, du coup elle fait ce qui lui plait, sachant toujours où sera sa limite. On s'est revue deux semaines plus tard dans une grande surface. Elle réclamait une poupée à sa mère. Je l'ai reconnue immédiatement. Elle dégageait cette chaleur qui lui est propre. Moi j'aidais maman à pousser le chariot. Quand mes yeux se sont posés sur elle, j'ai stoppé net. Je ne pouvais m'empêcher de la regarder. Maman a tout de suite remarqué que je l'admirais. Elle m'a prise par la main et est allée discuter avec sa mère. Le lundi suivant, on se retrouvait dans le même cours demusique. Elle apprenait la guitare et moi le violon. On avait les mêmes horaires et étions à une salle l'une de l'autre. A chaque pause, on se retrouvait. Un jour, elle m'a invité à son anniversaire, et ce jour là, j'ai voulu être de chacun de ses anniversaires. Je lui ai offert la poupée qu'elle avait réclamée à sa mère au magasin. Lorsqu'elle l'a vu. Elle a levé les yeux vers moi, et son visage s'est illuminé. C'est ce jour là qu'on est devenues meilleures amies. A la rentrée suivante, nous étions dans même classe et rien ne nous a plus jamais séparées. Elle a toujours été un moteur en classe, mais pas en ce qui concerne l'avancement du cours. Comme je suis plutôt calme, les profs nous mettaient l'une à côté de l'autre. Avec moi, elle se tenait tranquille. On s'écrivait des petits mots dans un carnet, dans une langue qu'on avait inventée. Très vite, beaucoup de filles ont voulues être sa meilleure amie, mais elle a toujours été fidèle. C'était elle et moi, uniquement. C'est au collège que ça a été vraiment dur. Chaque année elle était plus populaire que l'année précédente. Et chaque année il y avait une peste qui tentait de m'évincée pour l'avoir. Mais notre lien triomphait toujours.

C'est en seconde que tout a basculé. Elle s'est mise à sortir avec Jimmy. Ils ont voulu un peu d'intimité. Je peux comprendre cela. Mais, le temps passé avec moi a commencé à se réduire considérablement. Jusqu'à ce qu'un jour, elle me remplace. Et pas par n'importe qui ! Sophie. Je ne comprends pas comment elle a pu se rapprocher d'elle ! Cette fille est tout simplement superficielle et insipide. Elles n'ont rien en commun ! Et pourtant, maintenant c'est vers elle qu'elle va lorsqu'elle veut aller au cinéma ou dans une soirée. Elle l'appelle quand ça va pas, ou juste pour dire bonjour. Elles trouvent des surnoms aux garçons pour parler d'eux en secret quand il y a foule. Elles mangent ensemble tous les midis. Et dépensent une fortune en téléphone ensembles. Moi, je ne suis plus que sa voisine de classe de musique. C'est les seuls moments où on se parle encore. Et généralement c'est pour parler des exercices demusique que l'on fait.

Je ne le supporte plus ! Aujourd'hui, c'est décidé, lorsqu'elle viendra me dire qu'elle a du mal à jouer Hotel California, je lui dirais d'aller en parler avec Sophie…

- Pourquoi tu dis cela, me réponds-t-elle.
- C'est ta nouvelle meilleure amie.
- Pour tu dis cela,
 répète-t-elle.
- Tu passe tout ton temps avec elle, et moi tu ne me vois plus.
- Ben si, on se voit là.
- Je n'appelle pas cela se voir. On se croise.
- Mais Sophie, c'est l'apparence, toi, tu es le cœur.
- Pourquoi je ne pourrais pas être les deux ?

- Mes amis ne t'aiment pas. Ils te trouvent trop….studieuse, hésite-t-elle.
- Fayotte, tu veux dire.
- Moi cela ne me dérange pas. Tu es brillante, il est normale que tu fasses avancer le cours.
- Et cela me coute ton amitié
- Pour moi, rien n'a changé. Tu sais, j'attends ces moments avec impatience.
- Lesquels ?
- Ceux pendant lesquels rien n'a changé. On parle de musique et pas des choses qui se passent au lycée.
- Moi cela ne me suffit pas. Tu m'as sacrifiée pour des gens avec qui tu n'es pas toi-même.
- Il n'y a qu'avec toi que je peux être moi-même.
- Et c'est eux avec qui tu passe du temps ?
- Il faut que tu m'en laisse. J'ai besoin de temps pour grandir. Toi je sais que tu seras toujours là. Eux c'est maintenant, et j'ai besoin de ces futilités. Je ne veux pas me retrouver dans vingt ans à me demander ce qu'aurait été mon adolescence si j'avais été futile. Je ne veux pas avoir à faire tout cela lorsque j'aurais une famille. Alors, je sais que c'est égoïste de ma part, mais je te demande de m'attendre et d'apprécier les instants que je t'offre. Je te reviendrais, je te promets.


Et le pire, c'est que j'ai accepté. Maintenant, j'attends. Voilà cinq ans que j'attends et elle n'est toujours pas là. Elle va se marier et son témoin ? Sophie. Elle est enceinte. La marraine ? Sophie. Elle a quarante ans. Vingt ans ont passés. Elle quitté mari etenfants pour refaire son adolescence avec…Sophie. Et nous voilà, âgées de quatre-vingt-deux ans, partageant le même hospice, voisine de chambres.

Je te demande pardon, j'aurais dû revenir plus tôt. Est-il trop tard pour rattraper le temps perdu ?

Cela, c'est ce que je rêve qu'elle me dise. Et j'attends. J'attendrais jusqu'à ma mort.

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